Le sacre de Napoléon, une restauration d'un tableau ivoire
Plaque d'ivoire de taille exceptionnelle
Sur une grande plaque d'ivoire, exceptionnelle par sa taille (30 X 20 cm), nous avons eu la chance de restaurer cette peinture que l'on peut qualifier de miniature de par les détails qu'elle contient.
Une référence de la peinture classique
Le Sacre de Napoléon est un tableau gigantesque (environ 10 m X 6 m!), peint en 1807 par David et actuellement conservé au musée du Louvre. Cette cérémonie du couronnement a eu lieu à Notre Dame de Paris et met en scène Joséphine de Beauharnais recevant la couronne des mains son mari Napoléon 1er. On y trouve différentes personnalités telles Mme de la Rochefoucauld soutenant la traîne de l'impératrice, Maria Letizia Ramolino, la mère de l'empereur, Talleyrand, le pape Pie VII relégué au rang de simple témoin, des membres de leur famille, quelques maréchaux, ambassadeurs et autres consuls. Dans la tribune en hauteur, on aperçoit Jacques Louis David en personne autoportraituré avec sa femme, ses enfants, son maître et ses élèves.
Dans cette scène presque familiale, Napoléon casse les codes du protocole et par la même occasion de l'héritage de la dynastie des Bourbon. Après avoir pris des mains du pape la couronne dite de Charlemagne pour se la poser lui même sur la tête, il se charge de couronner sa propre femme qui devient dès lors, impératrice des français.
Sur l'ivoire, l'artiste a choisi de ne reproduire que la scène centrale avec la première tribune et a réinterprété les couleurs. Dans le tableau original, les manteaux de l'impératrice et de Napoléon 1er sont rouges, la tunique de soie blanche de l'empereur est devenue bleue ainsi que le coussin de velours semé d'abeilles originellement pourpre.
Tout est très finement exécuté, les fourrures d'hermine, les plumes, les velours et soieries brodées d'or, les dentelles.. La technique de l'aquarelle permettant à la fois des dégradés et une superbe luminosité des compositions, restitue magnifiquement la transparence et l'effet velouté des tissus.
La fragilité de l'ivoire et sa restauration
Avec le temps, les écarts de température et d'hygrométrie ont eu raison de l'ivoire qui, malgré le lourd verre de protection posé dessus, s'est fendu sur toute sa longueur à plusieurs endroits.
Le travail de restauration a duré trois mois et a commencé par décoller l'ivoire de son support bois et le débarrasser de son ancienne colle brunie. Un carton a ensuite été collé au dos de la miniature et le tout a été mis sous presse pendant un mois.
Le reste du travail a consisté en un comblement des lignes de cassures et à la réintégration chromatique. Un retouche minutieuse "aux petits points" qui nous a pris plusieurs jours.
Le cuir abîmé de la bordure a été remplacée par un galon en coton collé à la colle neutre.