La Porcelaine : histoire, technique et restauration
A travers cette page, vous allez découvrir l'histoire de la porcelaine, ses origines, les techniques de cuisson, les différents rendus possibles et les techniques de restauration modernes.
Histoire de la porcelaine
La porcelaine est un matériau stupéfiant de par son origine, son histoire, sa composition, et les œuvres issues de sa technique.
L'Asie, terre d'origine de la porcelaine
Née en Chine au début de notre ère, sous la dynastie des Han (202 avant J.C/ 220 après Jésus Christ). Elle se compose de trois ingrédients qui sont le Kaolin (argile blanche), feldspath (fondant permettant d'abaisser le point de fusion du kaolin situé à 1800°C) et le quartz (silice permettant la vitrification).
C'est ce fameux kaolin qui rend la porcelaine si blanche. Il en devient la matière première et l'un de ses composants principaux variant de 30 à 50%.
Argile blanche composée de silicate d'aluminium, le kaolin vient du chinois "Gaoling" ou "collines hautes", désignant ainsi une carrière d'exploitation située à Jingdezhen.
Techniques de cuisson
La température de cuisson de la porcelaine se situe entre 1260 et 1300°C. Si elle contient plus de kaolin et moins de fondant, sa température de cuisson augmente et peut atteindre 1450°C.
Cette composition et cette vitrification par la chaleur lui confère plusieurs avantages dont les artistes ont toujours tiré partie au fil des siècles et quelque soit le continent : translucidité, blancheur, finesse et dureté.
Les conséquences de la découverte de la porcelaine en Occident
Nous avons vu que c'est en Asie que la porcelaine prend son envol, la Chine, la Corée, le Japon sont les berceaux de "l'or blanc" dont l'exportation vers l'Europe est un marché florissant. Mais ce n'est que dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle que des gisements de kaolin ont été découverts en France et en Allemagne. Grâce à cette découverte, la porcelaine a révolutionné le monde de la céramique en Europe. Depuis lors, la porcelaine n'a jamais cessé d'être fabriquée et appréciée mondialement.
Lieux de fabrication de Porcelaine
Les centres de fabrications européens deviennent très nombreux. Parmi les manufactures les plus célèbres on trouve Saxe, Berlin, Madrid, Vincennes, Saint Cloud, Limoges, Sèvres, Chantilly, Niderviller, Capodimonte, mais aussi la Pologne, l'Autriche, le Portugal, l'Angleterre, etc.
Certains de ces centres sont encore en activité aujourd'hui comme Sèvres et Limoges qui éditent des œuvres anciennes et contemporaines. Pour n'en citer qu'un, l'artiste JR a imprimé des photos sur des feuilles de porcelaine façon papier chiffonné.
Les différentes types de porcelaine
Grâce au différentes techniques de cuisson et aux différents matériaux utilisés, la porcelaine se décline sous différentes formes: biscuit, porcelaine dure et porcelaine tendre
Le biscuit et porcelaine dure
Si elle n'est pas revêtue d'une couverte, c'est un biscuit blanc et mate. Si elle est porte une couverte, celle-ci est composée des mêmes ingrédients (kaolin, feldspath, quartz) mais avec davantage de fondant et fait ainsi véritablement corps avec la porcelaine comme une osmose chimique.
Il est important aussi de distinguer deux sortes de porcelaines : la porcelaine dure et la porcelaine tendre. La porcelaine dure est composée des éléments cités ci-dessus. Une fois cuite elle est vitrifiée dans la masse.
La porcelaine tendre
La porcelaine tendre ne comporte pas de kaolin mais un mélange de marnes calcaires blanches, de sable, de fondant et d'une fritte (mélange silice et fondant). Sa température de cuisson est 1260°C et elle est rayable à l'acier d'où son nom. C'est une recette mise au point à Florence à la fin du XVIe siècle, qui conquit la France par souci d'économie. En effet, l'importation des pièces depuis l'Extrême Orient ou depuis Meissen, détentrice du secret de fabrication de la porcelaine depuis 1709, coûtait très cher.
Restauration et déontologie
Toutes nos restaurations sont réversibles pour permettre aux futurs restaurateurs de "dérestaurer" et restaurer à nouveau un objet sans que celui pâtisse de l'intervention.
Eléonore L'Hostis, Conservatrice Restauratrice des biens culturels spécialisés en Céramique supervisera chacune des restaurations effectuées par nos restaurateurs agréés, tous diplômé et qualifiés.
La réversibilité est un des principes déontologiques fondamentaux rédigés par en 1962 par Cesare Brandi, restaurateur, théoricien de la restauration et ancien directeur de l'Istituto Centrale per il Restauro à Rome. Ils sont encore aujourd'hui enseignés et appliqués par la profession.
La modernisation des outils et des produits de restaurations participent au respect de ces règles.
Les différents degrés de restaurations
Nous proposons systématiquement à nos clients différents degrés de restauration selon la problématique posée par l'objet.
De la plus simple à la plus aboutie, du simple collage à la restauration invisible en passant par la restauration discrète dite "muséale", toutes nos interventions respectent l'objet et le souhait de son propriétaire sur nos conseils avisés.
Les étapes de la restauration
Après un constat d'état méticuleux, un protocole de restauration est proposé. Plusieurs paramètres sont pris en compte : la fragilité de la céramique, la visibilité de la restauration, la lisibilité de l'objet, sa valeur également peut être prise en compte.
Le nettoyage
La première étape fondamentale est le nettoyage c'est à dire l'élimination des poussières, des traces de gras, des anciennes restaurations vieillies et des colles jaunies qui ne remplissent plus leur rôle d'adhésif correctement et mettent l'objet en péril. Mais nettoyer ne signifie pas décaper, nous nettoyons dans la mesure du possible en respectant la patine et les traces du temps passé qui confèrent à l'objet le charme de l'ancien.
Après essais, cette étape peut être effectuée avec des solvants, des compresses, de la vapeur...
Le collage
Une fois l'objet nettoyé, la restauration à proprement dite peut commencer.
Avant tout collage, il faut connaître la nature de la pâte céramique que l'on traite car toutes ne bénéficieront pas du même protocole de restauration.
On utilise toujours un adhésif moins solide que la pâte céramique pour éviter toute contrainte à la matière.
Une terre cuite africaine friable cuite à faible température (400°C) sera collée avec une colle vinylique ou acrylique pour s'adapter à sa grande porosité. A l'inverse, une porcelaine à la porosité quasi nulle grâce à la silice qu'elle contient, sera collée avec une colle époxydique dont la réticulation devient tridimensionnelle lors du séchage.
Le comblement
A l'image des adhésifs, il existe différents matériaux de comblement utilisés selon la nature de la céramique : plâtre dentaire, stuc enrichi ou non de colle vinylique pour plus de résistance, mastic polyester, mastic époxydique et tous peuvent être teintés dans la masse à l'aide de pigments minéraux ou de colorants pour être en concordance avec la couleur de la pâte ou de l'émail.
Toutes les formes perdues peuvent être reproduites par moulage ou par création documentée.
En règle générale, on choisira toujours un matériau de comblement moins solide que la céramique elle même pour éviter de l'abîmer lors du ponçage.
La retouche
Comme pour tous les produits de restauration évoqués jusqu'à maintenant, il existe plusieurs natures de peintures selon la céramique à traiter et le degré de restauration choisi.
Dans le cadre d'une restauration discrète, les motifs peuvent être restitués au pinceau pour donner l'illusion d'une continuité, on peut aussi bien employer de l'acrylique que de la résine polyuréthane.
Pour la retouche des terres cuites, nous utiliserons de la peinture acrylique appliquée à l'éponge afin de restituer l'aspect velouté de la matière. Tandis que la restauration invisible des porcelaines exige l'emploi indispensable de peintures polyuréthanes appliquées à l'aérographe.
La précision de l'aérographe est telle qu'elle nous permet de ne pas effectuer de restauration invasive et de se cantonner à la lacune pour respecter l'authenticité de l'objet.
Une fois la couleur de fond appliquée à l'aérographe, celle ci est protégée par un vernis transparent. Les motifs peuvent ensuite être reproduits et posés au pinceau : motifs plats, floutés, en relief... le tout est recouvert d'une ou plusieurs couches fines de vernis toutes poncées entre chaque application.
Selon les cas, la dernière couche de vernis peut être poncée et polie à la pâte à polir.
Tous les aspects peuvent être reproduits : brillant, satiné, mate, granuleux...
La dorure
Comme lors de la fabrication de l'objet, la dorure est appliquée en dernier, sa température de cuisson étant bien inférieure aux autres couleurs.
La dorure est effectuée par la pose de feuilles d'or de différents carats selon la teinte à reproduire ou grâce au mélange de poudre d'or et de résine polyuréthane pour les motifs les plus fins.